Ce que je retiens de mon père ? Sa capacité à calculer. Quand il montait les escaliers il comptait instinctivement les marches. Il connaissait par cœur leur nombre dans sa propriété et ce n’est pas peu dire : il y en a des escaliers à l’Agriot, la maison qu’il a commencée à construire dans les années soixante.
Quand il voyait un avion dans le ciel, à Prades-le-Lez ou à Malemort-du-Comtat, il savait à quelle heure l’avion était parti, sa destination et son heure d’arrivée. Idem pour les trains. Bref un esprit matheux. Impressionnant !
Prépa, grande école d’ingénieur, il termina sa carrière ingénieur en chef au CNEARC, directeur d’une formation d’ingénieur agronome à Montpellier. Je me souviens avec nostalgie des fins de journées passées dans son bureau après mes cours de terminale E, je l’attendais patiemment, et lui s’affairait, il apparaissait de temps à autres et disait qu’il n’en avait pas pour longtemps.
Je me souviens aussi de son dynamisme pour Nature et Progrès dans les années 80. Il a fait beaucoup pour le Bio. À cette époque il était inimaginable de trouver du Bio dans les grandes surfaces comme on peut le voir maintenant où le Bio devient la référence alimentaire.
Et puis sa recherche généalogique insatiable pendant sa retraite : là je compte bien reprendre le flambeau et numériser tout ce qu’il a fait.
Je le remercie de m’avoir donné une vision scientifique de l’existence, de m’avoir fait lire des ouvrages évolutionnistes dont l’étude a conduit à un renforcement de mes croyances en Dieu et l’a fait devenir lui même croyant. Il a fini sa vie agnostique, il lui manquait juste un obstacle à franchir : serait-ce sa culture athée, sa peur du regard des autres, je le saurais bientôt.
Photo : Jean-Luc Messe en 2006.
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